Enseignement pontifical
Le 1er juin 1980 au Parc des Princes avec les jeunes : un enthousiasme puissant et profond
Le 1er juin 1980, la jeunesse de France a répondu à l’invitation de Jean-Paul II au Parc des Princes. Ils étaient 50 000 jeunes, fiers de leur diversité mais forts de leur unité autour du Saint-Père. Trente ans après, nous voulons nous souvenir des gestes et des propos de Jean-Paul II à Paris pour qu’ils nous conduisent à Dieu tout en restant près des hommes. Souhaitons avec Jean-Paul II, qu’en revivant « cette soirée inoubliable (…) nous fassions tous ensemble une ascension, une véritable cordée en direction des sommets à la fois difficiles et tonifiants de la vocation de l’homme, de l’homme chrétien ».
Nous sommes convaincus que l’objectif visé par le pape n’était pas de provoquer l’élan d’un soir mais plutôt de laisser un message de bon pasteur qui défie le temps en s’inscrivant dans la vie ses auditeurs de l’époque et aujourd’hui ses lecteurs. Nous voulons permettre justement à tous de confronter leur propre vie aux textes adressés aux jeunes de France : le discours prononcé au Parc des Princes, tout d’abord (en réponse aux questions qui lui avaient été posées) et ensuite, le message initialement prévu par le pape et auquel il a fait allusion au cours de cette même soirée : « le discours-monologue, message, reste toujours et je voudrais bien vous le laisser à étudier, à lire … ».
Le film de la veillée des jeunes avec Jean-Paul II au Parc des Princes
L'arrivée et l'accueil du Saint-Père
Les témoignages de jeunes
Le discours du Saint-Père
Lire le dialogue avec Jean-Paul II des jeunes réunis au Parc des Princes
Lire le message de Jean-Paul II aux jeunes (Paris, le 1 juin 1980)




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Jean-Paul II avait esquissé les grandes lignes de la doctrine sociale de l’Eglise dans son discours à l’Université de Riga (Lettonie), le 9 septembre 1993. Cette doctrine concerne les principes inspirateurs qui doivent orienter l’organisation de la société pour qu’elle soit digne de l’homme. On peut distinguer :
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Lire les discours de Riga (Version française de l’Osservatore Romano)
Karol Wojtyla, le séminariste “clandestin”
Le 1er mars 2003, Jean-Paul II reçut les séminaristes de Rome et leurs familles. Au milieu de cette célébration inoubliable, le pape improvisa la fin de son discours, en évoquant ses souvenirs du séminaire de Cracovie pendant l’occupation nazie.
Il leur dit :
Avant de conclure ce discours, je voudrais encore revenir sur mon propre séminaire. Il s'agissait d'un séminaire "clandestin". Pendant la guerre, avec l'occupation nazie de la Pologne et de Cracovie, tous les séminaires avaient été fermés. Le Cardinal Sapieha, mon Evêque de Cracovie, avait organisé un séminaire "clandestin", et j'appartenais à ce "séminaire" clandestin, pour ainsi dire "des catacombes". Mon expérience est surtout liée à ce séminaire. D'autant plus aujourd'hui que nous sommes revenus par la mémoire à soeur Faustina. Soeur Faustina a vécu et repose à présent près de Cracovie, dans une localité qui se nomme Lagiewniki. Juste à coté de Lagiewniki se trouvait l'usine chimique Solvay, où j'ai travaillé comme ouvrier pendant les quatre années de guerre et d'occupation nazie. Jamais je n'aurais pu penser à cette époque où j'étais ouvrier qu'un jour, en tant qu'Evêque de Rome, j'aurais parlé de cette expérience aux séminaristes romains.
Cette expérience d'ouvrier et en même temps de séminariste "clandestin" m'a marqué pour toute la vie. A l'usine, pendant mon tour de huit heures, de jour comme de nuit, j'amenais avec moi quelques livres. Mes collègues ouvriers se sont un peu étonnés, mais pas scandalisés. Ils m'ont même dit: "Nous t'aiderons, tu peux même te reposer et nous essaierons de surveiller ton poste". Et c'est ainsi que j'ai pu également passer mes examens devant mes professeurs. Tout cela dans la clandestinité: philosophie, métaphysique... J'ai étudié la métaphysique tout seul et j'essayais de comprendre ses "catégories". Et j'ai compris. Même sans l'aide des professeurs, j'ai compris. Et en plus d'avoir réussi l'examen, j'ai pu constater que la métaphysique, la philosophie chrétienne, me donnait une nouvelle vision du monde, une connaissance plus profonde de la réalité. Auparavant, j'avais étudié les sciences humaines, liées à la littérature, à la langue. Avec la métaphysique et la philosophie, j'ai trouvé la clé, la clé d'une compréhension et d'une connaissance du monde. Une connaissance plus profonde, je dirais définitive.
Peut-être faudrait-il rappeler d'autres choses encore, mais l'on ne peut pas trop prolonger, malheureusement. Toutefois, je voulais ajouter cela, qui m'est venu à l'esprit pendant l'exécution musicale de l'Oratorio: "Toi qui es un séminariste "clandestin", tu dois parler aux séminaristes de Rome d'aujourd'hui de cette expérience qui est la tienne". Je remercie le Seigneur qui m'a fait vivre cette expérience extraordinaire et m'a également permis de parler de cette expérience du séminaire "clandestin", "des catacombes" aux séminaristes de Rome, après plus de cinquante ans. Et je pense que cela est un bel hommage à la "Madone de la Confiance", parce que pendant toutes ces années "de clandestinité", on vivait seulement grâce à cette confiance, la confiance en Dieu et en sa Mère. J'ai appris la confiance dans la Sainte Vierge, qui est la Patronne de votre séminaire. J'ai appris à avoir confiance surtout au cours des terribles années de la guerre et de la clandestinité. Merci.
Source : Discours de Jean-Paul II à la Communauté du Grand Séminaire Pontifical Romain le 1er mars 2003 (www.vatican.va)
Jean-Paul II parle de l’origine de la vie et de l’évolution devant l'Académie Pontificale des Sciences le 22 octobre 1996
"Aux membres de l'Académie Pontificale des sciences.
C’est avec un grand plaisir que je vous adresse un cordial salut, à vous, Monsieur le Président, et à vous tous qui constituez l’Académie pontificale des Sciences, à l’occasion de votre Assemblée plénière.
J’adresse en particulier mes vœux aux nouveaux Académiciens, venus prendre part à vos travaux pour la première fois. Je tiens aussi à évoquer Académiciens décédés au cours de l’année écoulée, que je confie au Maître de la vie.
1. En célébrant le soixantième anniversaire de la refondation de l’Académie, il me plaît de rappeler les intentions de mon prédécesseur Pie XI, qui voulut s’entourer d’un groupe choisi de savants en attendant d’eux qu’ils informent le Saint-Siège en toute liberté sur les développements de la recherche scientifique et qu’ils l’aident ainsi dans ses réflexions. à ceux qu’il aimait appeler le Senatus scientificus de l’église, il demanda de servir la vérité. C’est la même intention que je vous renouvelle aujourd’hui, avec la certitude que nous pourrons tous tirer profit de la " fécondité d’un dialogue confiant entre l’Eglise et la science " (Discours à l’Académie des Sciences, 28 octobre 1986).
2. Je me réjouis du premier thème que vous avez choisi, celui de l’origine de la vie et de l’évolution, un thème essentiel qui intéresse vivement l’Eglise, puisque la Révélation contient, de son côté, des enseignements concernant la nature et les origines de l’homme. Comment les conclusions auxquelles aboutissent les diverses disciplines scientifiques et celles qui sont contenues dans le message de la Révélation se rencontrent-elles ? Et si, à première vue, il peut sembler que l’on se heurte à des oppositions, dans quelle direction chercher leur solution ? Nous savons en effet que la vérité ne peut pas contredire la vérité (cf. Léon XIII, Encyclique Providentissimus Deus).D’ailleurs, pour mieux éclairer la vérité historique, vos recherches sur les rapports de l'Eglise avec la science entre le XVI e et le XVIII e siècle sont d’une grande importance.
Au cours de cette session plénière, vous menez une " réflexion sur la science à l’aube du troisième millénaire ", en commençant par déterminer les principaux problèmes engendrés par les sciences, qui ont une incidence sur avenir de l’humanité. Par votre démarche, vous jalonnez les voies de solutions qui seront bénéfiques pour toute la communauté humaine.
Dans le domaine de la nature inanimée et animée, l’évolution de la science et de ses applications fait naître des interrogations nouvelles. L’Eglise pourra en saisir la portée d’autant mieux qu’elle en connaîtra les aspects essentiels. Ainsi, selon sa mission spécifique, elle pourra offrir des critères pour discerner les comportements moraux auxquels tout homme est appelé en vue de son salut intégral.
3. Avant de vous proposer quelques réflexions plus spécialement sur le thème de l’origine de la vie et de l’évolution, je voudrais rappeler que le Magistère de l’Eglise a déjà été amené à se prononcer sur ces matières dans le cadre de sa propre compétence. Je citerai ici deux interventions. Dans son Encyclique Humani generis (1950), mon prédécesseur Pie XII avait déjà affirmé qu’il n’y avait pas d’opposition entre l’évolution et la doctrine de la foi sur l’homme et sur sa vocation, à condition de ne pas perdre de vue quelques points fermes (cf. AAS 42 [1950], p. 575-576).
Pour ma part, en recevant le 31 octobre 1992 les participants à l’Assemblée plénière de votre Académie, j’ai eu l’occasion, à propos de Galilée, d’attirer l’attention sur la nécessité, pour l’interprétation correcte de la Parole inspirée, d’une herméneutique rigoureuse. Il convient de bien délimiter le sens propre de l’écriture, en écartant des interprétations indues qui lui font dire ce qu’il n’est pas dans son intention de dire. Pour bien marquer le champ de leur objet propre, l’exégète et le théologien doivent se tenir informés des résultats auxquels conduisent les sciences de la nature (cf. AAS 85 [1993], p. 764-772 ; Discours à la Commission biblique pontificale, annonçant le document sur l’Interprétation de la Bible dans l’église : AAS 86 [1994], p. 232-243).
4. Compte tenu de l’état des recherches à l’époque et aussi des exigences propres de la théologie, l’Encyclique Humani generis considérait la doctrine de l’" évolutionnisme " comme une hypothèse sérieuse, digne d’une investigation et d’une réflexion approfondies à l’égal de l’hypothèse opposée. Pie XII ajoutait deux conditions d’ordre méthodologique : qu’on n’adopte pas cette opinion comme s’il s’agissait d’une doctrine certaine et démontrée, et comme si on pouvait faire totalement abstraction de la Révélation à propos des questions qu’elle soulève.
Il énonçait également la condition à laquelle cette opinion était compatible avec la foi chrétienne, point sur lequel je reviendrai.
Aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique, de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse. Il est en effet remarquable que cette théorie se soit progressivement imposée à l’esprit des chercheurs, à la suite d’une série de découvertes faites dans diverses disciplines du savoir. La convergence, nullement recherchée ou provoquée, des résultats de travaux menés indépendamment les uns des autres, constitue par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie.
Quelle est la portée d’une semblable théorie ?
Aborder cette question, c’est entrer dans le champ de l’épistémologie. Une théorie est une élaboration métascientifique, distincte des résultats de l’observation, mais qui leur est homogène. Grâce à elle, un ensemble de données et de faits indépendants entre eux peuvent être reliés et interprétés dans une explication unitive. La théorie prouve sa validité dans la mesure où elle est susceptible d’être vérifiée ; elle est constamment mesurée à l’étiage des faits ; là où elle cesse de pouvoir rendre compte de ceux-ci, elle manifeste ses limites et son inadaptation. Elle doit alors être repensée.
En outre, l’élaboration d’une théorie comme celle de l’évolution, tout en obéissant à l’exigence d’homogénéité avec les données de l’observation, emprunte certaines notions à la philosophie de la nature. Et, à vrai dire, plus que de la théorie de l’évolution, il convient de parler des théories de l’évolution. Cette pluralité tient, d’une part, à la diversité des explications qui ont été proposées du mécanisme de l’évolution et, d’autre part, aux diverses philosophies auxquelles on se réfère. Il existe ainsi des lectures matérialistes et réductionnistes, et des lectures spiritualistes. Le jugement ici est de la compétence propre de la philosophie et, au-delà, de la théologie.
5. Le Magistère de l’église est directement intéressé par la question de l’évolution, car celle-ci touche la conception de l’homme, dont la Révélation nous apprend qu’il a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 28-29). La Constitution conciliaire Gaudium et spes a magnifiquement exposé cette doctrine, qui est un des axes de la pensée chrétienne.
Elle a rappelé que l’homme est " la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même "(n. 24).
En d’autres termes, l’individu humain ne saurait être subordonné comme un pur moyen ou un pur instrument ni à l’espèce ni à la société ; il a valeur pour lui-même. Il est une personne. Par son intelligence et sa volonté, il est capable d’entrer en relation de communion, de solidarité et de don de soi avec son semblable. Saint Thomas observe que la ressemblance de l’homme avec Dieu réside spécialement dans son intelligence spéculative, car sa relation avec l’objet de sa connaissance ressemble à la relation que Dieu entretient avec son œuvre (Somme théologique, I-II, q. 3, a. 5, ad 1m).
Mais, plus encore, l’homme est appelé à entrer dans une relation de connaissance et d’amour avec Dieu lui-même, relation qui trouvera son plein épanouissement au-delà du temps, dans l’éternité.
Dans le mystère du Christ ressuscité, nous sont révélées toute la profondeur et toute la grandeur de cette vocation (cf. Gaudium et spes, 22). C’est en vertu de son âme spirituelle que la personne tout entière jusque dans son corps possède une telle dignité. Pie XII avait souligné ce point essentiel : si le corps humain tient son origine de la matière vivante qui lui préexiste, l’âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu (" Animas enim a Deo immediate creari catholica fides nos retinere jubet ") (Enc. Humani generis, AAS 42 [1950], p. 575).
En conséquence, les théories de l’évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l’esprit comme émergeant des forces de la matière vivante ou comme un simple épiphénomène de cette matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme. Elles sont d’ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne.
6. Avec l’homme, nous nous trouvons donc devant une différence d’ordre ontologique, devant un saut ontologique, pourrait-on dire. Mais poser une telle discontinuité ontologique, n’est-ce pas aller à l’encontre de cette continuité physique qui semble être comme le fil conducteur des recherches sur l’évolution, et cela dès le plan de la physique et de la chimie ?
La considération de la méthode utilisée dans les divers ordres du savoir permet de mettre en accord deux points de vue qui sembleraient inconciliables. Les sciences de l’observation décrivent et mesurent avec toujours plus de précisions les multiples manifestations de la vie et les inscrivent sur la ligne du temps.
Le moment du passage au spirituel n’est pas objet d’une observation de ce type, qui peut néanmoins déceler, au niveau expérimental, une série de signes très précieux de la spécificité de l’être humain.
Mais l’expérience du savoir métaphysique, de la conscience de soi et de sa réflexivité, celle de la conscience morale, celle de la liberté, ou encore l’expérience esthétique et religieuse, sont du ressort de l’analyse et de la réflexion philosophiques, alors que la théologie en dégage le sens ultime selon les desseins du Créateur.
7. En terminant, je voudrais évoquer une vérité évangélique susceptible d’apporter une lumière supérieure à l’horizon de vos recherches sur les origines et le déploiement de la matière vivante.
La Bible, en effet, est porteuse d’un extraordinaire message de vie. Elle nous donne sur la vie, en tant qu’elle caractérise les formes les plus hautes de l’existence, une vision de sagesse.
Cette vision m’a guidé dans l’Encyclique que j’ai consacrée au respect de la vie humaine et que j’ai intitulée précisément Evangelium vitae. Il est significatif que, dans l’évangile de saint Jean, la vie désigne la lumière divine que le Christ nous communique. Nous sommes appelés à entrer dans la vie éternelle, c’est-à-dire dans l’éternité de la béatitude divine.
Pour nous mettre en garde contre les tentations majeures qui nous guettent, notre Seigneur cite la grande parole du Deutéronome : " Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu " (8, 3 ; cf. Mt 4, 4).
Bien plus, la vie est un des plus beaux titres que la Bible ait reconnu à Dieu. Il est le Dieu vivant.
De grand cœur, j’invoque sur vous tous et sur tous ceux qui vous sont proches, l’abondance des Bénédictions divines.
Du Vatican, le 22 octobre 1996"
JEAN-PAUL II
Le pape Jean-Paul II parle de la beauté aux jeunes
Réfléchissez bien, interpelle Jean-Paul II, vous les jeunes qui êtes précisément à l'âge où l'on tient tant à être beau ou belle pour plaire aux autres ! Un jeune homme, une jeune fille doivent être beaux, avant tout et surtout intérieurement.
Discours aux Jeunes : "Resplendissants de beauté intérieure"
Mes très chers jeunes garçons et filles,
Aujourd'hui je vous parlerai brièvement de la quatrième vertu cardinale, la tempérance, la sobriété. Saint Paul écrivait à son disciple Tite, qu'il avait laissé dans l'île de Crête comme évêque: "exerce les jeunes à être sobres" (Tt 2, 6). Répondant, moi aussi, à l'invitation de l'Apôtre des Gentils, je voudrais déclarer d'abord que les attitudes de l'homme provenant des diverses vertus cardinales sont mutuellement interdépendantes et unies. On ne saurait être un homme vraiment prudent, ni authentiquement juste, ni réellement fort si l'on ne possède pas la vertu de tempérance, Celle-ci conditionne, indirectement toutes les autres vertus; mais celles-ci sont également indispensables pour que l'homme puisse être "tempérant" ou 'sobre". Temperantia est commune omnium virtutem cognomen - écrivait au Vlème siècle Saint Jean Climaque (échelle du Paradis, 15) - ce que nous pourrions traduire par "la tempérance est le dénominateur commun de toutes les autres vertus".
Il peut sembler étrange de parler de la tempérance ou de la sobriété à des jeunes gens et à des adolescents. Pourtant, très chers fils, cette vertu cardinale vous est particulièrement nécessaire, à vous qui vous trouvez dans cette période merveilleuse et délicate où votre réalité biopsychique croît jusqu'à sa parfaite maturité; nécessaire pour être capables, physiquement et spirituellement, d'affronter les hauts et les bas de la vie, dans ses exigences les plus variées. Est tempérant celui qui n'abuse pas des aliments, des boissons, des plaisirs; celui qui ne boit pas immodérément de l'alcool; qui ne se prive pas de sa conscience en usant de stupéfiants et de drogues. Nous pouvons imaginer en nous un "ego inférieur" et un "ego supérieur". Dans notre "ego inférieur" s'exprime notre "corps", avec ses besoins, ses désirs, ses passions de nature sensible. La vertu de tempérance assure à tout homme la domination de l"ego supérieur" sur l"ego inférieur". S'agirait-il en ce cas d'une humiliation, d'une diminution de notre corps ? Au contraire ! Cette domination le valorise, l'exalte.
L'homme tempérant est celui qui a la maîtrise de soi-même; celui chez qui les passions ne l'emportent pas - sur la raison, sur la volonté et, également, sur le cœur, précise Jean Paul II. On comprend alors combien indispensable est la vertu de tempérance pour que l'homme soit pleinement homme, pour que le jeune soit authentiquement jeune. Le triste et avilissant spectacle d'un homme ivre ou d'un drogué nous fait clairement comprendre qu'"être homme" signifie, avant toute autre chose, respecter sa propre dignité, se faire guider par la vertu de tempérance. Se dominer soi-même, maîtriser ses propres passions, la sensualité, ne signifie nullement devenir insensible ou indifférent : la tempérance dont nous parlons est une vertu chrétienne, que nous apprenons de l'enseignement et de l'exemple de Jésus et non pas de la morale dite "stoïque". La tempérance exige de chacun de nous une humilité spécifique à l'égard des dons que Dieu a placés dans notre nature humaine. Il y a "l'humilité du corps" et "l'humilité du cœur". Cette humilité est condition nécessaire de l'harmonie intérieure de l'homme, de sa beauté intérieure. Réfléchissez bien, interpelle Jean Paul II, vous les jeunes qui êtes précisément à l'âge où l'on tient tant à être beau ou belle pour plaire aux autres ! Un jeune homme, une jeune fille doivent être beaux, avant tout et surtout intérieurement. Sans une telle beauté intérieure, tous les autres efforts tournés seulement vers le corps ne feront — ni de lui ni d'elle — une personne vraiment belle.
Et moi je vous souhaite, très chers fils, d'être toujours resplendissants de beauté intérieure!
Jean-Paul II
Discours aux Jeunes, 22 novembre 1978
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Voir un résumé des 14 encycliques de Jean-Paul II
sur le site de la Conférence épiscopale française :